Communiqué de Jean-Pierre Chevènement
vendredi 22 novembre 2002
Avec Pierre Dabezies,
la France perd un grand patriote et je perds un ami
Engagé dès 1940 à Londres aux côtés de la
France libre, Pierre Dabezies est demeuré toute sa vie un combattant
libre et indomptable pour la cause de l'indépendance nationale. Tour à
tour officier, député, diplomate, universitaire, il aura toujours laissé
une forte empreinte partout où il s'était investi. Gaulliste de gauche
comme il aimait à se définir, il entendait concilier son amour de la
France, qui était immense, avec son souci de la justice sociale. Il
n'avait jamais oublié ce qu'avait été l'effondrement de 1940 et avait
consacré sa vie à participer au redressement de l'État et à
l'affirmation de la République.
Dans les épreuves qu'il traversa, durant
la Seconde Guerre mondiale ou devant la crise politique et militaire qui
secoua l'armée en Algérie, il demeura inflexible dans ses convictions et
servit avec passion aux côtés du général de Gaulle.
Bannissant tout sectarisme, comme savent
le faire les esprits imprégnés de fortes convictions et de grand idéal,
il a servi la République comme soldat ou comme ambassadeur, comme
professeur à l'Université de Paris I ou comme député et conseiller de
Paris, élu du 3e arrondissement.
Nos pas s'étaient tout naturellement
croisés quand au début des années soixante-dix, il s'était agi de
réconcilier la gauche et l'intérêt national, et de relever, avec le
peuple, le drapeau délaissé par des élites oublieuses de leurs devoirs.
Pierre Dabezies fut de ceux qui permirent à la gauche de réussir son
tournant en matière de défense nationale et je fus heureux de lui
confier, en 1989, la direction de la Fondation pour les Études de
Défense Nationale.
Je suis fier du soutien qu'il m'apporta à
chaque grand moment de la vie politique et de son engagement au sein du
Pôle Républicain. Avec Pierre Dabezies, disparaît une grande figure du
gaullisme de progrès ; devant les défis que la France doit relever, il
savait toujours entendre la voix profonde de la Nation, capable de
rassembler au-delà des clivages et de ramener à l'essentiel. Sa voix
forte et impétueuse, sa lucidité et son courage, nous manqueront. |